Aux soeurs Lisbon...

Leurs parents ont quitté leur maison et ont abandonné leurs meubles.

Avant qu’un nouveau couple y emménage, nous avons récupéré les photos de famille jetées aux poubelles. Cela pour compléter notre collection et essayer de rassembler les pièces du puzzle qui nous manquaient pour tenter de comprendre leur geste. C'est aujourd'hui encore les seules choses qui nous rapprochent d'elles.

En vain.

Désormais, quand je regardais par la fenêtre pour les voir je ne voyais que du vide.

J'essayai de les oublier.

En vain.

J'essaye toujours. Je ne comprends toujours pas pourquoi et elles me fascineront toujours à travers ce geste.

Nous continuions notre vie, mais elle n'avait plus le même goût et la même passion.

Peu importe les filles qu'elles étaient et que nous ne les connaissions pas vraiment.

Seul compte le fait que nous les ayons aimées, que nous avons essayé de les aider mais qu'elles n'ont pas compris notre amour.

Le lendemain, les secours sont venus chercher les corps.

Nous ne saurons jamais vraiment comme tout cela avait pu se produire pendant que nous rêvions de voyage avec elles.

On sut juste que l'une était morte la tête dans le four, une autre s'était pendue, une autre s'était bourrée de somnifères et enfin Lux était morte dans la voiture mais on ne sait pas comment.

Leur geste fut et est encore pour nous un mystère qui renforce encore notre admiration pour elles.

Nous avons entendu un bruit vers la cave. On s'y précipita en silence.

Cela nous rappela la première fois que nous étions venus lors de la boum, nous avions de bons souvenirs ici.

Je me mis à danser en riant et en criant qu'elles me rendaient dingues et que je voulais peloter l'une d'elle rien qu'une fois.

Je heurtai des pieds. Mes amis m'ont regardé terrifiés, je me suis retourné et j'ai couru.

J'ai couru si vite que je me suis à peine rendu compte dans ma course, que j'ai enjambé un corps au sol.

Elles s'étaient suicidées toutes les quatre.

Lux nous a invités à rentrer chez elle.

Lorsque je suis passé à côté d'elle, elle mit sa main sur ma ceinture en souriant et nous suggéra d'attendre ses soeurs ici tandis qu'elle nous attendait dans la voiture.

Ce contact physique me bouleversa, je sentis le désir et l'excitation monter en moi.

Je la regardais s'éloigner.

En attendant ses sœurs à l'intérieur, on s'imaginait déjà partir tous ensemble dans la voiture, riant aux éclats et cela nous rendait fous de joie.

On traversa la rue en courant puis on se faufila jusqu'à l'arrière de leur maison silencieusement.

Arrivés à la porte, je distinguai Lux de dos, qui fumait paisiblement.

Nous étions tous fascinés d'être si près d'elle. Personne n'osait interrompre ce moment et frapper.

On frappa à la porte. Elle se retourna et vint nous ouvrir.

Je me rappelle encore de ses premiers mots pour nous, du son de sa voix entre agacement, soulagement et séduction.

Elle était si belle.

Nous lui avons dit que nous avions une voiture et que l'on pouvait aller où elle et ses sœurs voulaient. Lux a négocié la place de devant et a demandé qui s'assoirait à côté d'elle.

Leurs parents dormaient. Finalement, nous prendront leur voiture, elle est plus grande selon Lux.

Elles m'avaient écrit d'attendre leur signal.

Nous avons donc pris notre mal en patience en attendant d'apercevoir un signe.

Vers minuit, on vit des signaux lumineux.

C'était le moment.

Un jour, personne n'a répondu à notre appel. Nous avons regardé à leur fenêtre, personne. L'inquiétude nous gagnait.

Je reçus une lettre d'elles où elles nous fixaient un rendez-vous pour le lendemain à minuit. J'étais soulagé et excité par ce rendez-vous.

Nous avons longuement réfléchi pour trouver un moyen de leur répondre.

Un cerf-volant portant un message ? Non c'était trop compliqué à mettre en place.

Nous avons mis une semaine avant de trouver une manière pour leur répondre.

C'était pourtant simple : nous les avons appelé et leur avons fait écouté une chanson d'amour avant de raccrocher et de donner le numéro qu'elles pouvaient rappeler.

Pendant plusieurs jours, on s'est téléphoné. Elles nous faisaient écouter des chansons qui montraient leur tristesse, leur désespoir et leur solitude. Nous leur mettions des chansons d'amour qui évoquaient notre admiration, notre fascination et notre attirance pour elles.

En réalité, elles n'étaient pas aussi loin qu'on le pensait.

Un soir, elles nous ont contactés par des signaux de lumière qui correspondaient à un langage morse. Nous l'avons décrypté pour finalement arriver à "Au secours, envoyez-nous Bobo".

Le jour suivant, nous avons reçu chacun notre tour une carte avec un message. Le mien était : "Tu te souviens de nous ? Tu vas nous aider ?"
Bien sûr que je me souvenais d'elles, elles me hantaient, m'obsédaient depuis des années donc oui j'allais les aider à sortir d'ici.

Le seul contact que les sœurs avaient avec l’extérieur était les catalogues de mode et de voyage qu’elles commandaient et qui débordaient de leur boîte aux lettres. Cela leur permettait de s’évader et de voyager malgré leur enfermement.

Nous avons commandé les mêmes catalogues qu'elles. En les feuilletant nous vivions les mêmes escapades qu’elles, on voyageait avec elles. Cela nous rapprochait d’elles même imaginairement.

Avec tous les objets de notre collection et les choses se rapportant à elles, les sœurs Lisbon ne quittaient pas notre esprit alors qu’elles nous étaient pourtant si lointaines.